vendredi 3 décembre 2010

La nébuleuse d'hiver

Des bulles d'air courent dans le radiateur. PROGRESS REFORM* entame son troisième tour. Le cèdre plie derrière la vitre. La neige est noire. Mes yeux se consument, rougis par la fatigue. Au-dessus de moi, les murs se décolorent. Tout devient flou, impraticable. Les contours se soudent, fondus dans la masse. La maison est transparente et ronde.
Je retrace dans le vide, les débris, les fracas. Des empreintes incongrues se collent sur ma rétine, des pans de mémoire, des fragments écrasés. La saison n'est pas commencée et déjà je compte les nuits. Mes années se disloquent au milieu de la pièce, comme un monde miniature en déroute que je ne reconnais plus. Je regarde à l'envers. Je m'absente.

"It was such a lovely party
Before the accident occured
The ambulance came and took you away
Before the coffee was served..."**

Pourtant, tout vient de l'intérieur, un peu comme une faim de loup, un ventre vide, une longue journée en travers de soi. Je ne sais pas si je dois rire ou pleurer. Je sais que je dois rester. Je suis rattrapé.

* I LIKE TRAINS.
** I LIKE TRAINS, "The Accident", PROGRESS REFORM.

2 commentaires:

Nicolas a dit…

Un texte singulier qui, ce soir, trouve un écho tout à fait particulier à l'intérieur de moi...

anakin a dit…

Il en a fait des tours ici aussi ce Progress Reform. Et il en fera d'autres.