Les geckos grouillent sur le plafond. La terrasse au karkadé se noie dans mes pensées. Je surnage entre deux eaux, SOLAL* au creux des mains. Les chambres d'hôtels défilent avec les années. Fathy se tient debout sur le seuil, affublé d'un uniforme de groom beaucoup trop grand pour lui. Cela fait 15 ans. Il n'a plus de visage. Je descends chez Gaddis pour t'acheter une carte postale que je ne t'enverrai pas. Demain je prends le bac. Il est encore temps de profaner la dernière cité.
Plus haut, là où Nasser a vu grand, l'île Elephantine semble dériver dans sa brume orangée. Les antiques tessons remontent à la surface. Chambre 413 en Nubie. La voix du muezzin bourdonne. Le haut-parleur crépite. De mon promontoire en béton armé, j'affûte mon regard sur la vallée du Nil. Je crois voir le sable manger le blé. Le sol s'effrite sous l'effet de la chaleur. La terre est souveraine. Ma tête cogne. Je m'accroche au garde-corps avant de basculer.
Plus haut, là où Nasser a vu grand, l'île Elephantine semble dériver dans sa brume orangée. Les antiques tessons remontent à la surface. Chambre 413 en Nubie. La voix du muezzin bourdonne. Le haut-parleur crépite. De mon promontoire en béton armé, j'affûte mon regard sur la vallée du Nil. Je crois voir le sable manger le blé. Le sol s'effrite sous l'effet de la chaleur. La terre est souveraine. Ma tête cogne. Je m'accroche au garde-corps avant de basculer.
Je suis penché sur les photos de la montagne artificielle. Il y a ce bus étouffant, cette poussière et ces départs avortés. Je ne te l'ai jamais dit, mais c'est sur le chemin du retour que le mirage est apparu, à l'endroit précis où nous franchissions le Tropique du Cancer. Je claque des dents. Le froid me glace. Je ne suis pas fait pour vivre loin d'ici. Je me plonge dans ton lit et prends le risque de m'asseoir au fond.
* ALBERT COHEN, SOLAL.
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