Ils naissent écarquillés à la pointe de ta mine. Tour à tour je les vois s'élancer dans le vide, s'accrocher à quelques lunes pour y suspendre des fils. Çà et là, des câbles déroulés, distendus, rafistolés. Les bras chargés de pendeloques et de pampilles, certains parviennent à se hisser du premier coup, tandis que d'autres s'y reprennent à deux fois. Les plus adroits s'empressent de visser des ampoules dans les lampions. Progressivement, la voûte se remplit de boules de feu, de constellations et d'éclats versicolores. Dans une débauche d'effets, au milieu des volutes de cheveux tombant en rubans, les grains de peaux attrapent les reflets, les yeux ronds scintillent sans sourciller, ton monde opère enfin sa rotation.
Et puis, comme une semonce familière, un présage mille fois auguré, il y a le grondement du temps qui se gâte, un écran de grisaille au-dessus du marais, l'affolement des insectes aux ailes translucides. La tournure des événements se confronte à celle de ton esprit. L'instant n'inspire que la crainte de voir resurgir l'incompréhension et le sentiment d'être ici au mauvais endroit. Un chaos intérieur contenu dans ton oeil persan, accablé par les pluies acides pareilles à des reproches. Tu les connais bien ces pluies, ces pleurs au ventre ! Celles qui ternissent et détrempent le visage des hommes, des femmes et des enfants en leur gommant toute innocence. Rien n'arrête les trombes. Après avoir noyé le décor et fracassé les lunes, elles s'abattent sur leur cible comme autant de mines écrasées dans la main.
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