Je me souviens de chacune de tes visites. Je te vois encore arpenter mon cabinet de curiosités, sous les cris sourds de mes oiseaux et de mes fauves de paille.
Combien de fois as-tu rêvé dans mon capharnaüm, devant mes bizarreries, mes collections d'insectes et mes bocaux sans vie ?
Parfois, même si tu n'exprimais rien d'autre que je ne savais déjà, il m'arrivait de croire que tout était possible, qu'il existait un endroit que l'on ne trouvait ni dans mes herbiers, ni dans mes vanités. Mais tu savais aussi qu'on ne vient pas chez moi par hasard et le temps vint où il fallut te faire peau neuve.
Te souviens-tu de ton sourire, celui que j'ai cousu sur ta bouche pour en garder l'attrait ?
Te souviens-tu que tu avais un coeur ? Que ton coeur sur la main, qu'il m'a plu d'arracher, je l'ai serré si fort au point de l'assécher ?
Te souviens-tu de notre dernière rencontre, de ce jour où j'ai dépouillé ton corps, du soin que j'ai pris pour le déformer et le recomposer en un semblant d'humanité ?
Tu ne t'en souviens pas ? Tu ne réponds pas ?
3 commentaires:
Ce texte-ci me "parle" et me touche avant tout par son atmosphère, par le décor planté avec une belle économie de moyens. Ce collectionneur de choses mortes ne m'est pas aussi étranger que ça... :-)
Superbe.
Jolie découverte que voilà !
Et ravie de te retrouver ici !
Merci Nanoo,
Je suis également ravi de refaire le lien.
Merci.
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